Au fait le salaire, ça rémunère quoi au juste ?

Publié le par frico-racing

Vers les 400 abonnés, pour ne rien rater, abonnez vous à mon blog (gratuit) newsletter en bas de page à droite...

Au fait le salaire, ça rémunère quoi au juste ?

Présenté comme une évidence, le mythe du salaire comme "paiement du travail" est tenace, et pourtant c'est faux !

Si nous acceptons que ce sont des valeurs "égales" qui s’échangent et que chacun reçoit, en échange de ce qu’il donne, une valeur équivalente, il faut se demander d’où vient le profit. D’où vient cette accumulation d’une masse de plus en plus importante de valeurs que nous appelons le capital ?

La seule source de création de valeur, c’est le travail (1). A première vue, le travail serait une marchandise qui se vend et qui s’achète (contre un salaire). Si le capitaliste achète le travail à sa valeur et vend le produit du travail contre des équivalents, comment expliquer que ces opérations lui procurent un excédent de valeur que nous appelons le profit ?

La j'en vois qui commence a se gratter la tête !...Pour mieux comprendre le processus réel de la création de "survaleur" (plus-value), il est indispensable de s'armer d’une compréhension du fonctionnement du capitalisme...

La force de travail (a ne pas confondre avec "Le travail")

Avant Marx, ce problème a souvent été évoqué par de grands penseurs et économistes, comme par exemple Adam Smith. Mais aucun n’a pu fournir une explication suffisante. On a avancé l’idée que le capitaliste, par ruse, achetait en dessous ou vendait au-dessus de la vraie valeur des choses. Mais puisque chacun est tantôt acheteur, tantôt vendeur, les bénéfices de cette tricherie s’annuleraient réciproquement. Les capitalistes savent tricher, bien sûr. Mais dans le meilleur des cas, ce procédé expliquerait un déplacement des richesses – et non leur création.

Marx a résolu cette énigme en démontrant qu’il existe une marchandise dotée d’une propriété particulière : sa consommation est créatrice de nouvelle valeur. Et cette marchandise, ce n’est pas le travail en tant que tel, mais "la force de travail" (1), c'est à dire la "capacité du travailleur à travailler". C’est cela, et non le travail lui-même, que le capitaliste achète. A partir de cette prémisse, Marx a pu expliquer la source du profit et le processus de formation du capital.

La journée de travail

La force du travail est matérialisée sous la forme du travailleur vivant (1) qui, pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches, a besoin d’une quantité déterminée de moyens de subsistance (nourriture, vêtements, etc. à une époque et dans une société donnée). La valeur de la force de travail du travailleur est déterminée, comme toute autre marchandise, par le temps de travail nécessaire à la production de ses moyens de subsistance. Supposons qu’à la fin de la cinquième heure d’une journée de huit heures, le salarié ait produit une quantité de richesses équivalente, en valeur, à celle de sa force de travail (que représente son salaire pour une journée). Le capitaliste a acheté sa force de travail, non pour cinq heures, mais pour toute la journée. Par conséquent, le salarié continuera de travailler pendant trois heures. Le travailleur réalise alors un "surtravail" de trois heures, au-delà des cinq heures de travail nécessaire. En cinq heures, il fournit au capitaliste l’équivalent de son salaire journalier. Ceci représente la valeur de sa force de travail pour une journée. Ce qu’il donne au capitaliste pendant les trois heures restantes, c’est la plus-value, ou le profit.

Nous avons pris l’exemple d’une journée de huit heures. Mais puisque le capitaliste achète non pas le travail effectué, mais la force de travail pour une journée, il a intérêt à la prolonger au-delà de huit heures (c'est ce qu'il fait en imposant souvent des heures supplémentaires). La concurrence entre les salariés, le chômage institutionnalisé tendra à réduire les salaires à la valeur de cette force de travail, que la journée de travail soit de huit ou de dix heures, ce qui fait augmenter dans les mêmes proportions la part du profit. En augmentant le nombre d’heures travaillées, les capitalistes augmentent ce que Marx appelle la plus-value absolue. Mais la journée ne peut pas être rallongée à l’infini, et les capitalistes s’efforcent, par conséquent, d’augmenter aussi la plus-value relative, c’est-à-dire la part de profit extraite de chaque heure de travail...(également le WE, en équipes, la nuit, etc)... Ils augmentent la plus-value relative au moyen de la technologie ou en accélérant les cadences. Dans les deux cas, la productivité du travail augmente.

Une partie du salaire est payé individuellement aux salariés, c’est le salaire net. L’autre partie formée des cotisations est versée dans « un pot commun ». Il est conçu pour satisfaire les besoins de tous en raison de la maladie, de la maternité, des charges familiales, du chômage, de l’invalidité, de la retraite ; c’est un salaire indirect appelé aussi salaire socialisé, il représente environ 40 % du salaire. La cotisation n’est donc pas un prélèvement, une charge, un impôt, une taxe, une épargne, une assurance, un placement pour le futur, c’est du salaire, c’est notre salaire !

L'énigme est donc résolue. Le capitaliste paie la force de travail (1) à sa vraie valeur. Il vend aussi le produit de cette force de travail à sa vraie valeur. Et c’est la différence entre les deux qui constitue le profit. Le capitaliste, malgré ses prétentions, ne crée absolument aucune richesse. Il s’enrichit par l’appropriation d’une partie de la richesse créée par les travailleurs. CQFD...Le profit, c’est le travail impayé du salariat.

Comprendre cela c'est comprendre pourquoi tout ce qui touche au salaire (temps de travail, salaires direct, socialisé, Smic, protection sociale, retraite etc), constitue un des enjeux fondamentaux de la lutte des classes.

NB - (1)

Tous les travailleurs ne sont pas tous ouvriers...En théorie seuls le sont celles et ceux qui participent au processus de production de marchandises et dont le patronat extrait directement la plus-value. (les ouvriers représentent encore environ 25% des actifs salariés)...Autre aspect important à prendre en compte dans la compréhension de la formation du capital et de la singularité de "la valeur travail"... Les machines, les robots, ne créent pas de richesses (de survaleur), ils ne font que restituer une partie de leur valeur intrinsèque !...Ce qui aboutie à la baisse du taux de profit (baisse tendancielle)...D’où la recherche de taux de profits en dehors de la sphère productive (financiarisation de l'économie, spéculation, etc...)

Tous proletaires ! ?

Oui, si la classe ouvrière est le cœur du prolétariat (productrice directe de plus-value), Indispensable au fonctionnement et à la pérennité de la société, les employés, AM et cadres, les enseignants, soignants, etc participent pour une part là ou ils sont (leur rôle indispensable aussi au bon fonctionnement de la société, (à la reproduction de la force collective de travail), au bon déroulement du processus de production moderne...Ils ont les mêmes intérêts que la classe ouvrière (ceux qui ne possèdent que leur force de travail)...Tous ces salariés (même si ils n'en n'ont pas conscience) composent le prolétariat (ouvriers et non ouvriers)...

Les "alliés" du prolétariat :

Enfin, dépendant du degré de contradiction que ces classes ou parties de classe ont avec le capitalisme, la petite et moyenne paysannerie, la petite-bourgeoisie (intellectuels, commerçants, artisans,…), ont sur le fond aussi les mêmes intérêts que la majorité du peuple !

Pour aller plus loin voir également ci dessous :
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
Plus simple, la théorie des systèmes pour expliquer l'exploitation du travail. C'est le monetarisme.
Répondre