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politique et societe

1er avril 1983 l'âge de départ à la retraite passe de 65 à 60 ans

Publié le par frico-racing

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1er avril 1983 l'âge de départ à la retraite passe de 65 à 60 ans

Loin de l'emballement festif qui avait accueilli, en 1936, les réformes sociales du Front populaire sur les congés payés et la semaine de 40 heures, l'instauration de la retraite à 60 ans intervient dans un climat maussade.

Un an après la victoire de la gauche, politiquement, c'est déjà l'état de disgrâce, le désenchantement, le gouvernement de Mauroy qui comprend des ministres socialistes et communistes (minoritaires) a annoncé en juin 1982 au congrès de la CGT sous les sifflets un plan d’austérité avec blocage de salaires !... A compter du 1er avril 1983, "l'assurance-vieillesse garantit une pension de retraite à l'assuré qui en demande la liquidation à partir de l'âge de 60 ans". Ce même jour de 1983, le premier ministre recevra la CGT, la CFDT et la CFTC pour leur parler de l'application de son plan de rigueur décidé en juin 1982…

La retraite à 60 ans est en fait la dernière des grandes réformes sociales promises par François Mitterrand en 1981. Vieille revendication syndicale, elle apparaît comme une rescapée de l'état de grâce mais entre en vigueur à l'heure de l'austérité…

Dans les 110 propositions du candidat socialiste à l'élection présidentielle, elle arborait le numéro 82 : "Le droit à la retraite à taux plein sera ouvert aux hommes à partir de 60 ans et aux femmes à partir de 55 ans." Du copié-collé avec le programme commun de gouvernement, signé le 27 juin 1972 par le Parti socialiste et le Parti communiste, qui proclamait : "L'âge d'ouverture des droits à la retraite sera ramené à 60 ans pour les hommes et à 55 ans pour les femmes, le droit au travail restant garanti au-delà. Cette mesure est particulièrement urgente pour les travailleurs effectuant des tâches pénibles ou insalubres."

Arrivée au pouvoir en mai 81, le PS oublie les femmes – on ne parle plus des 55 ans – et s'engage dans une course de lenteur. Le 11 décembre 1981 ; l'Assemblée nationale entérine le projet de loi d'orientation sociale qui prévoit notamment l'abaissement à 60 ans de l'âge légal de départ à la retraite à taux plein. Mais ce n'est que le début d'une longue marche.

Depuis l'ordonnance du 19 novembre 1945, l'âge de la retraite à taux plein, moyennant 37,5 années de cotisations (150 trimestres), est fixé à 65 ans. C'est le même âge qui avait été retenu par la loi du 5 avril 1910 qui avait institué les premières retraites ouvrières et paysannes. A l'époque, cet âge était supérieur à l'espérance de vie, ce qui conduisit la CGT à dénoncer la "retraite des morts".

Pour passer de 65 à 60 ans, Pierre Mauroy est confronté à une double difficulté. Il ne peut agir que sur la retraite de base du régime général de Sécurité sociale, qui accorde une pension égale à 50 % d'un salaire plafonné. Il faut donc que les régimes de retraite complémentaire, qui relèvent des seuls partenaires sociaux, accordent un complément de 20 % qui rendra la retraite avantageuse.

Or en 1981, le système des préretraites bat son plein. Dans le cadre de l'assurance-chômage, les syndicats et le patronat ont instauré une garantie de ressources qui assure aux partants, dès 60 ans et à la seule condition d'avoir été salarié pendant dix ans, un revenu à hauteur de 70 % des derniers salaires. Très coûteux, cet accord devait prendre fin le 31 mars 1983. Pierre Mauroy bénéficie du soutien de François Mitterrand mais le chef de l'Etat est économe en paroles sur le sujet. Lors de ses vœux du 31 décembre 1981, il fait juste allusion à "la retraite facultative à 60 ans". Le premier ministre a surtout impérativement besoin du concours des partenaires sociaux.

Cette démarche aboutit à l'ordonnance du 26 mars 1982 qui, en douze articles, instaure, au 1er avril 1983, pour les salariés du régime général et les salariés agricoles, un "véritable droit au repos que les travailleurs sont fondés à revendiquer en contrepartie des services rendus à la collectivité à l'issue d'une durée de carrière normale".

Tous les salariés "qui le souhaitent" pourront bénéficier d'une retraite complète dès lors qu'ils ont cotisé 37,5 années, avec une pension égale à 50 % du salaire annuel moyen des dix meilleures années. Ceux qui partiront à 60 ans sans avoir leurs 150 trimestres verront leur pension minorée – une décote –  en fonction du nombre d'annuités manquantes", la retraite à taux plein étant garantie à 65 ans.

GRIGNOTÉE DEPUIS

Arraché de haute lutte, depuis toujours, le capital et ses gouvernements n'ont eus de cesse de remettre en cause le droit à la retraite !...Ci dessous, les grandes attaques :

La réforme Balladur des retraites de 1993, du nom du Premier ministre Édouard Balladur, est mené lors de la deuxième cohabitation de 1993 à 1995. La retraite est progressivement calculée sur les 25 meilleures années de rémunération au lieu de dix années auparavant. La durée de cotisation nécessaire pour avoir droit à une pension à taux plein passe de 150 trimestres à 160 trimestres, soit 40 ans.

En 2003, le nombre d’années de cotisation augmente. Depuis 2012, il faut 41 années de cotisations pour toucher une retraite complète. Cette réforme est conduite par François Fillon, ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité. Autre mesure phare, le dispositif pour carrière longue, qui donne un droit au départ anticipé à la retraite avant 60 ans aux salariés et les non-salariés des régimes alignés qui ont travaillé tôt. Il n’est applicable qu’à condition d’avoir cotisé 43 ans et demi, soit deux ans de plus que la durée de 41 ans et demi nécessaire pour une retraite à taux plein.

Le 10 novembre 2010, la nouvelle loi sur la réforme des retraites fixe l’âge légal de la retraite à 62 ans au lieu de 60 auparavant. Elle a été complétée par un décret du 2 juillet 2012 marquant un retour partiel à la retraite à 60 ans pour les carrières longues. ce

L’abandon du système de retraite par point sonne comme un échec majeur de l’une mesures phares de Macron. S’il est lié à des considérations tactiques vis-à-vis de la droite, cet abandon est indissociable du grand mouvement de grève porté par la RATP et la SNCF qui a empêché la réforme. Une victoire a posteriori ; ce qu’il faut retenir de cet échec de Macron c’est que ce recul est indissociable du rapport de forces noué par une partie du mouvement ouvrier à l’hiver 2019 – 2020 contre le gouvernement. C’est en effet ce mouvement qui a rendu le maintien de la réforme inconcevable au début de l’épidémie, et conduit sa relance à être repoussée à l’après-2022 par crainte de la rue.

Au printemps dernier, Macron annonçait vouloir repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Bien qu’annoncée comme réforme centrale de son nouveau quinquennat, le Président a largement échauffé les esprits des concitoyens. Son objectif d’allonger le départ des salariés à la retraite de 3 ans, aura finalement été ramené à 2 ans face aux indignations des syndicats, des partis politiques de gauche et des français. Élisabeth Borne a rendues officielles les intentions du texte de la  réforme dans un communiqué le 10 janvier dernier. L’âge de départ à la retraite sera finalement de 64 ans en 2030 !...

Depuis malgré l'opposition du pays, les grèves et manifestations ; ce gouvernement inféodé au capital n'a pas encore reculé. Et malgré une répression inouïe (comme pour les GJ) la lutte continue !...Prochains temps forts le 6 avril.

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